
Le dernier thermomètre Solidaris s’est penché sur la relation entre la santé et le travail. Avec plus de 500.000 malades de longue durée, il était temps de prendre le pouls du monde du travail ! Un premier constat loin des préjugés : les Belges francophones restent fortement attachés au travail, mais ils dénoncent un monde professionnel qui les use, parfois jusqu’à la rupture. Face à une situation déjà critique, les mesures anti-sociales du gouvernement risquent fort d’être la goutte de trop…
Du travail, OUI !
Mais pas au détriment de la santé
Le travail reste un pilier fondamental de la vie sociale et de l’autonomie. Plus de 90 % des Belges francophones estiment qu’il est important dans leur vie et ce constat est encore plus marqué chez les personnes en incapacité ou au chômage. Cependant, le souhait de reprendre une activité est souvent accompagné d’une volonté de changement pour un emploi qui ne les rend pas malades.
Des emplois qui usent
La population active identifie clairement le lien entre le travail et la santé ainsi que l’impact négatif qu’il peut avoir.
Ce constat est partagé par les médecins du travail qui sont 84% à observer une hausse des troubles somatiques ou psychosomatiques liés aux conditions de travail.
Les résultats de l’enquête sont sans appel
de la population affirment que leur emploi a eu un impact négatif sur leur santé au cours des 12 derniers mois. Plus d’1/3 a ressenti ces effets de façon fréquente à très fréquente.
des personnes interrogées rencontrent souvent ou toujours des contraintes physiques importantes (positions fatigantes ou douloureuses), tandis que 35 % évoquent une exposition fréquente à des risques psychologiques dans l’exercice de leur métier.
des malades de longue durée sont en incapacité à cause du travail.
des incapacités de travail sont liées à la santé mentale et 32 % à des troubles musculosquelettiques (source : INAMI).
des incapacités de travail sont liées à des troubles musculosquelettiques (source : INAMI).

Pas tous égaux
face aux conditions de travail
Sans surprise, l’impact du travail est inégalement réparti. Plus un métier présente des aspects difficiles, plus les effets négatifs sont marqués. Trois éléments sont liés à cette problématique : les conditions de travail, l’exposition à des risques professionnels, les revenus.
Le stress au travail est également un facteur important et il ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, 41% des sondés disent en souffrir fréquemment ou très fréquemment.
Une politique
de prévention insuffisante
Dans ce contexte, ils sont 78 % à réclamer une réforme profonde de l’organisation du travail pour protéger la santé physique et mentale. Face à l’augmentation des arrêts de longue durée, la demande d’un renforcement de la prévention dans les entreprises est importante : 85 % des répondants estiment qu’il faudrait en faire beaucoup plus pour anticiper les problèmes de santé au travail.
Les attentes envers les employeurs sont élevées alors que seulement 11 % des médecins du travail estiment que la loi bien-être est vraiment respectée dans les entreprises.

Solidaris appelle les politiques
à un changement de cap
Alors que les troubles liés au travail explosent, le gouvernement multiplie les mesures qui dégradent encore plus la santé des travailleurs : durcissement des trajets de réintégration, augmentation des sanctions, remise en cause des allocations, extension du travail de nuit, flexibilité, allongement des carrières…
Le gouvernement doit urgemment sortir de sa logique punitive (exclusion du chômage, remise en cause des pensions anticipées…) qui ne fera qu’aggraver les inégalités sociales et plonger des milliers de personnes dans la précarité.
Il doit également agir de manière proactive afin d’améliorer la santé au travail :
- En reconnaissant pleinement la pénibilité de certains métiers ;
- En aménageant des fins de carrière dignes et accessibles à toutes et tous ;
- En finançant des politiques de prévention ambitieuses ;
- En donnant les moyens financiers aux acteurs qui accompagnent le retour au travail ;
- En accompagnant les personnes en incapacité avec humanité plutôt qu’avec contrainte ;
- En responsabilisant les employeurs, y compris financièrement, face aux effets de l’organisation du travail sur la santé.