Les Frères Taloche

Rire, c'est bon pour la santé !

À l’approche du Festival International du Rire, nous avons eu le plaisir de recevoir les Frères Taloche dans nos bureaux, à Liège, pour nous parler de cet événement… et de santé mentale. Cette année, une nouveauté : Solidaris devient le partenaire santé du festival. Parce qu’après tout, le rire, c’est parfois la meilleure des thérapies !

Interview retranscrite ci-dessous ou

Pourquoi avoir créé le Festival International du Rire de Liège ?

Bruno : Depuis nos débuts, on a participé à beaucoup de festivals – en France, en Suisse, au Québec… Et on relevait ce qui était bien, ce qui était moins bien. Un jour, on s’est dit : « Et si on créait notre propre festival ? » L’idée a fait son chemin, et on a fini par mettre quelque chose en place. On a d’abord réfléchi à la ville. Verviers, notre ville d’origine, aurait pu être un choix naturel, mais elle manquait de salles. Liège, en revanche, est une grande ville, ça reste notre région, et surtout, il n’y avait jamais eu de festival du rire ici. On voulait un festival avec des salles de tailles variées, et surtout, toutes les formes d’humour : stand-up, théâtre, burlesque, mime, musical… Et depuis 14 ans, on constate que Liège correspond parfaitement à notre vision. Le public liégeois est exceptionnel, les artistes le ressentent.

Qu’est-ce qui fait la particularité du festival ?

Bruno : D’abord, sa grandeur. Ensuite, la multiplicité des salles et leurs capacités : 14 salles, de 50 à 1500 places. Il y a aussi quelques originalités. On organise deux concours : l’un pour les moins de 18 ans, l’autre pour les jeunes humoristes. Et chaque année, on propose un spectacle original : en langue arabe, turque, en langue des signes… Cette année, ce sera en flamand.

Vincent : On a été les premiers à faire ça, je pense. Et on est ravis de voir que d’autres ont repris l’idée, ça veut dire que c’est une bonne idée. On est assez fiers du concours jeunes talents qui cette année s’appelle « La Relève ». Les premiers gagnants étaient Laura Laune, PE, Freddy Tougaux, Dena, Carole Matagne… et tous ont fait carrière ! On est assez fiers et on suit tout ça de près. C’est notre manière de tendre la main à la nouvelle génération

Comment choisissez-vous les humoristes qui montent sur scène ?

Vincent : Par enveloppe, que du liquide. [Rires]

Bruno : On s’y prend de plus en plus tôt, car les artistes sont bookés longtemps à l’avance. On a déjà des noms pour 2026. Il faut des têtes d’affiche, sinon personne n’achète de billets. On les répartit selon les capacités des salles. Il y a aussi deux galas télé, et il faut choisir qui les anime – ce n’est pas notre rôle préféré, c’est une charge en plus. Ensuite, il y a les coups de cœur : un artiste vu en festival, un nouveau spectacle, une recommandation de l’équipe… On veut une programmation variée, pas uniquement du stand-up, même si c’est très en vogue.

Vous avez un coup de cœur cette année ?

Vincent : Un coup de cœur parce qu’il y a une histoire un peu dingue autour de lui c’est Nicolas Lacroix (Nico en vrai). C’est son premier Forum de Liège. Ce que les gens ignorent, c’est qu’il a été notre assistant pendant cinq ans. Je l’avais engagé comme étudiant graphiste à 18 ans. Il aménageait les loges, préparait les coulisses… D’ailleurs, Alex Vizorek se souvenait de lui comme du gars qui lui apportait du coca et des chips dans sa loge. Et aujourd’hui, c’est nous qui préparons sa loge. Il était réservé, timide, ne parlait pas de scène. On est fiers et émus de lui offrir la plus grande salle cette année.

Cette année, une conférence sur le rire et la santé mentale est organisée dans le cadre du festival: pourquoi ce thème ?

Vincent : C’est quelque chose qui nous parle de plus en plus. On entend souvent : « Vous devriez être remboursés par la sécurité sociale ! » Au début, c’est une blague, mais en y réfléchissant… On a réalisé que notre métier faisait du bien aux gens. Ce sont eux qui nous le disent. On n’est pas médecins, on n’a pas de formation de psychologue non plus, mais on répond à un besoin de légèreté, un besoin d’humour. Et un jour j’ai rencontré le docteur Panichelli, psychiatre, qui a écrit « La thérapie par le rire ». J’ai lu ce livre et je l’ai trouvé vraiment intéressant. Il montre que l’humour peut créer un climat favorable, mais qu’il faut faire attention à comment on l’utilise. Sur certaines personnes fragiles, ça ne marchera peut-être pas. Et donc à un moment donné, on en parlait de plus en plus avec mon frère et on s’est dit : pourquoi ne pas organiser une conférence sur ce thème ? Le docteur Panichelli viendra donc sur le festival le 16 octobre pour en parler.

Bruno : Et ça tombait bien de commencer cette année, avec Solidaris, notre nouveau partenaire santé. On pense même à développer ça l’an prochain, avec d’autres thèmes. C’est un terrain peu exploré, et on voulait innover.

Vincent : Oui parce qu’on se rend compte que ça nous arrive souvent, après un spectacle, de discuter avec quelqu’un qui traverse une épreuve – un deuil, une maladie… Et qui nous dit : « Vous m’avez fait du bien. » C’est évident qu’il se passe quelque chose, et c’est évident qu’il faut qu’on soit présents.

Après toutes ces années de métier, qu’est-ce qui vous motive encore ?

Bruno : Premièrement, le temps passe très vite… On va fêter nos 33 ans de carrière, et nos 35 ans en 2027. Pourquoi est-ce qu’on est toujours là et toujours motivés ? Je pense que c’est parce qu’on fait plein de choses différentes autour de l’humour. On joue moins qu’avant, mais on joue toujours. On accompagne des artistes, on produit, on manage, et le festival nous permet de rester connectés aux jeunes talents, aux maisons de production, aux chaînes de télé. Dans l’humour, comme dans la chanson, c’est rare de voir un artiste dire : « J’ai 50 ans, j’arrête tout. » Ou peut-être dans la nouvelle génération ?

Vincent : C’est la passion. Un jour, j’ai parlé avec un ébéniste passionné, et c’était passionnant de l’écouter. Si tout le monde pouvait être passionné par ce qu’il fait, ce serait génial. Même après toutes ces années, on ne s’est jamais lassés. On aime ça.

Retrouvez la totalité de cette rencontre en vidéo

Le Festival International du Rire de Liège du 12 au 20 octobre !

Découvrez le programme sur

Ne ratez pas la soirée labellisée Solidaris le 16 octobre, avec le spectacle de Caroline Le Flour : La Chauve SouriT « Mon cancer va vous faire mourir… de rire ! » à la Boverie. Un récit aussi drôle que poignant !